ADL, Reut : Les efforts pour combattre BDS ont échoué

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Commentaire introductif d’Omar Barghouti :

La reconnaissance à contre-coeur de son échec par votre ennemi est presque aussi douce que votre propre réussite.

Finalement, après avoir juré leurs grands dieux qu’ils avaient « vaincu » ou « enterré » le mouvement BDS, le gouvernement d’extrême droite d’Israël et ses lobbies en occident admettent maintenant qu’ils n’ont pas réussi à arrêter l’avancée impressionnante de l’impact du mouvement sur le régime d’oppression israélien.


Il convient de signaler que le mouvement BDS pour les droits des Palestiniens persiste à dire depuis des années que les efforts désespérés d’Israël pour le combattre ont échoué. Mais, sans jamais prendre en compte les faits vérifiables et indiscutables, la plupart des grands médias occidentaux ont, pour des raisons évidentes, répété avec obstination les déclarations de la propagande israélienne, sans regard critique et sans un soupçon de vérification professionnelle des faits, et encore moins essayé, en quelque sorte, d’obtenir le point de vue « du camp opposé ».

Et l’échec d’Israël ne peut absolument pas être attribué à un manque de tentatives ou à un manque de recherche de ressources pertinentes. En réalité, Israël et ses lobbies ont dépensé sans le dire, rien que ces deux dernières années, des dizaines de millions de dollars pour combattre BDS.

Les chiffres déjà en notre possession montrent à quel point le coût caché de la guerre d’Israël contre BDS peut être renversant.

Bon, le budget de l’AIPAC est d’environ 70 millions $. Une tranche de cette somme va au combat contre BDS, directement ou indirectement, y compris pour « acheter » la fidélité des législateurs pour faire bouger la législation anti-BDS au Congrès et dans les organes législatifs de l’État et maintenir l’impunité d’Israël. Même Thomas Friedman reconnaît cet « achat » de fidélité !

Le gouvernement israélien a alloué, dans son budget 2016, 26 millions $ pour les activités anti-BDS. Et ceci ne représente que l’argent que le ministère des Affaires Stratégiques reçoit directement pour combattre BDS.

D’autres ministères et départements israéliens dépensent beaucoup plus pour combattre le mouvement et les actions solidaires qui y sont liées, spécialement à propos des activités en lien avec la « Marque Israël ». On y trouve le ministère des Affaires Etrangères, le ministère de la Culture et le ministère du Tourisme.

Par ailleurs, Israël a reconnu qu’il mobilisait ses services de renseignement pour combattre BDS, espionnant les militants, « ternissant » leur réputation, intimidant, salissant et utilisant diverses formes de sabotage, dont le cyber-sabotage, contre leurs ressources stockées sur internet, etc.

Le ministre israélien du Renseignement Yisrael Katz a dit l’année dernière, dans une conférence anti-BDS, que le ministère du Renseignement fait « absolument » partie des efforts d’Israël pour contrer BDS et que les services israéliens du renseignement collaborent avec d’autres services de renseignement concernant le mouvement BDS.

Qui sait combien tout cela coûte ?

Et ceci, sans parler des dizaines de millions de dollars dépensés par les lobbies d’Israël aux USA, en Europe et ailleurs pour combattre BDS, y compris en invitant de nombreuses célébrités à venir à Tel Aviv, en finançant les voyages de milliers de jeunes Juifs Américains, en envoyant des groupes de musiciens et des scientifiques dans les forums internationaux pour montrer un « plus joli visage » d’Israël, etc.

Pour combattre BDS sur les seuls campus américains, la somme renversante de 50 millions $ a été levée par Sheldon Adelson, Haim Saban, et al.

Le remarquable reportage d’investigation d’Aljazeera, « The Lobby », révèle comment le lobby israélien au Royaume Uni soudoie les politiques et les députés et conspire pour « abattre » ceux qui ne soutiennent pas la politique extrémiste du gouvernement israélien. Et ceci au Royaume Uni… imaginez ce que ce lobby peut faire aux Etats Unis !

Quoi qu’il en soit, en dépit de ses meilleurs et très répressifs efforts bien huilés et McCarthyites pour étouffer le mouvement BDS, Israël a misérablement échoué. Et ceci est maintenant admis par deux importantes organisations qui font partie intégrante de la guerre contre BDS.

Les reporters occidentaux feraient bien – pour servir la vérité et leur propre réputation personnelle – d’écouter aussi ce que le mouvement BDS a à dire, la prochaine fois qu’ils entendront dire qu’Israël « écrase BDS » ou « a gagné la guerre » contre lui, comme le revendiquent souvent tel ou tel leader israélien ou personnage du lobby.

Enfin, dans les récentes nouvelles qui soulignent encore davantage cet échec, Michael Bennett, de la Ligue Nationale américaine de Football Seahawk, s’est retiré d’un voyage de propagande prévu en Israël. Un appel lancé par des associations de droits de l’Homme et des personnages éminents (du calibre d’Angela Davis, Danny Glover et Alice Walker) avait été envoyé à Bennett l’exhortant à annuler.

La chanteuse australo-britannique Natalie Imbruglia est maintenant la dernière célébrité à annuler son concert prévu à Tel Aviv qui devait prendre place dans deux semaines ! Les militants et associations partenaires de BDS l’avaient appelée à annuler.

Je suppose que le régime israélien devra bientôt se contenter de noms de la liste D pour essayer de blanchir ses crimes et supprimer BDS…

Omar
Traduction : J. Ch. pour BDS France

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Les efforts pour lutter contre le BDS ont échoué, affirment la Ligue anti-diffamation et Reut

Josh Nathan-Kaziz –  Forward – 10 février 2017

Dans un nouveau rapport circulant en privé dans les cercles politiques juifs ce mois-ci, deux organisations importantes pro-Israël estiment que les efforts communautaires juifs contre le mouvement BDS ont largement échoué.

Le rapport, publié par la Ligue anti-diffamation (ADL) et l’Institut Reut basé en Israël, affirme que les investissements des organisations juives dans la lutte contre ce qu’elles appellent « l’agression contre la légitimité d’Israël » ont été multipliés par vingt depuis 2010, mais que « le résultat reste insaisissable ».

En 2015 et 2016, dans une longue liste, des organisations juives, en plus du gouvernement israélien lui-même, ont annoncé leurs propres programmes pour contrer le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël. Les organisations et donateurs ont engagé des dizaines de millions dans cet effort. Le rapport affirme que cela ne marche pas.
« La remise en cause de la légitimité fondamentale d’Israël… (est) grandissante à travers le monde », dit le rapport.

Le rapport tombe alors que le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu adopte une ligne de plus en plus dure sur les colonies.
Mais si les auteurs du rapport reconnaissent que les actions du gouvernement israélien jouent un rôle dans la croissance mondiale du sentiment anti-Israël, ils proposent leur propre plan d’actions pour ce qu’ils appellent le « réseau pro-Israël ».

La prescription semble contenir une contradiction. D’un côté, elle appelle à une démarche de rassemblement qui accepte les critiques progressistes d’Israël. Et de l’autre, elle exige une attaque en règle contre les critiques dominantes d’Israël, parfois en utilisant des moyens secrets.
« Les instigateurs doivent être distingués des autres organisations, et traités de façon implacable, publiquement ou en secret » indique le rapport.
Le rapport est le produit d’un partenariat peu probable entre l’ADL, organisation juive historique pour les droits civils, et le Reut, qui se concentre sur la sécurité nationale. Les informations sur ce partenariat ont été publiées pour la première fois par Forward en février dernier.

Le document, de 30 pages, offre un « cadre stratégique » pour s’opposer au mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions, parmi d’autres initiatives que les auteurs caractérisent comme des agressions contre la légitimité d’Israël.
Le rapport s’oppose à de nouvelles dépenses pour des efforts pro-Israël. À la place, il conseille un meilleur ciblage des programmes préexistants ; l’utilisation de « mesures juridiques » pour contrer « l’incitation contre les juifs et Israël » sur les médias sociaux, et un investissement supplémentaire dans le « renseignement et la stratégie ».
ADL et Reut n’ont fait circuler que des copies imprimées du rapport. Forward a reçu des copies à la condition qu’elles ne soient pas mises en ligne dans leur intégralité.
Dans une interview au bureau de Forward, début février, le président national d’ADL, Jonathan Greenblatt, a reconnu que les actions des Israéliens jouent un rôle dans ce que le rapport appelle la croissance d’un sentiment anti-Israël dans le monde.

« Le gouvernement d’Israël peut faire beaucoup pour changer cette dynamique » dit Greenblatt. « Comme le peut aussi la direction palestinienne ».
Pourtant, le rapport semble lui-même prendre garde à ne pas soumettre les demandes spécifiques du gouvernement israélien. À la place, il reconnaît que l’absence de progrès des solutions politiques donne directement un pouvoir au « mouvement dit de délégitimation ».

Ses recommandations s’adressent principalement aux organisations communautaires juives, et, plus largement, à la hasbarah, ou relations publiques, l’appareil pro-Israël.
Par endroits, le rapport semble appeler à un élargissement du rassemblement pro-Israël, et à cesser d’exclure les organisations progressistes des espaces juifs.
Il demande une définition plus étroite de la « délégitimation » qui permettra aux organisations de gauche d’être accueillies dans les espaces juifs. Il demande aussi une « solidarité authentique » avec les autres organisations minoritaires sur les questions des droits des immigrés et du racisme. Il met en garde contre les attentes étroites des avantages transactionnels, arguant qu’un tel travail peut généralement aider la communauté juive à « retrouver une crédibilité » parmi les autres minorités.
« Nous avons inventé l’intersectionnalité », dit Greenblatt à Forward, se référant à l’histoire d’ADL de trouver une cause commune sur les questions des droits civils à travers les lignes ethniques et religieuses.
Mais à certains moments, les appels du rapport pour un grand rassemblement semblent forcés.

Le rapport suggère que les « lignes rouges » pour une inclusion dans le vaste réseau pro-Israël devraient n’être opposées qu’à ceux qui expriment des critiques constamment unilatérales, « sans nuance et sans contexte ». Ce langage comporte le risque d’exclure de nombreuses organisations, sur la gauche juive, qui en ont marre de l’occupation de cinquante ans d’Israël sur la Cisjordanie.
Le rapport se réfère aussi aux boycotts ciblés des colonies en Cisjordanie, une tactique soutenue par de nombreux juifs progressistes en Israël et aux États-Unis, comme à un « défi ».
Il demande des « alternatives » aux boycotts ciblés, mais ses recommandations peuvent être difficiles à analyser : « la polarisation autour de la question du boycott ciblé est une indication du manque de clarté éthique nécessaire pour rester unis contre la délégitimation en encourageant diverses coalitions ».
Enfin, alors que le rapport préconise des efforts pour s’engager et vaincre la plupart des critiques d’Israël, il recommande une approche dure de ce qu’il appelle les « instigateurs ».
Gidi Grinstein, président de Reut, a défendu l’appel à agir « de façon implacable », de manière « secrète » et publique, contre ces critiques.
« Nous devons être très, très stratégiques », dit Grinstein.
Les auteurs du rapport ont fait valoir que ce petit groupe d’« instigateurs » sont les « antisémites des temps modernes ».
traduction : JPP pour BDS FRANCE
http://forward.com/news/362761/efforts-to-fight-bds-have-failed-says-adl-reut/?attribution=home-top-story-3-headline

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