Gaza – Nous voulons la liberté, pas une amélioration des conditions d’oppression !

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L’oppresseur et l’opprimé sont à égalité comme « les deux côtés d’un conflit ».

par Haidar Eid (Professeur associé à l’université AL-Aqsa de Gaza)

le 14 mai 2023

 

Nous avons passé des nuits sans sommeil sous les bombes israéliennes auparavant, en 2006, 2008, 2012, 2014, 2018 et 2021. Mardi 9 mai, l’Israël d’apartheid a décidé de lancer encore une autre campagne de bombardements meurtrière contre l’une des zones les plus densément peuplée sur terre.

Et à nouveau, les victimes ont été des enfants et des femmes. Jusqu’ici, le nombre de personnes tuées est monté à 33 et à plus de 100 blessés. Des appels à un cessez-le-feu ont été lancés alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahou promettait de lancer des « frappes massives » dans l’espoir de tuer le plus grand nombre possible de Palestiniens en ciblant des zones résidentielles.

Comme lors des précédentes initiatives de trêve, dans celle qui est à nouveau proposée, Israël et les Palestiniens – l’oppresseur et l’opprimé – sont à égalité comme « les deux côtés d’un conflit ». Et ceci fait qu’une résistance légitime selon le droit international est mise au même niveau qu’une brutale occupation illégale.

Le fait qu’Israël a une véritable armée, une puissance de feu disproportionnellement plus grande et est un occupant a été négligé comme d’habitude, de même que la différence flagrante dans le nombre de morts : 33 Palestiniens et 1 Israélien. Comme tous les précédents cessez-le-feu négociés par les autorités égyptiennes et les Nations Unies, celui-ci vise à maintenir « la stabilité » aussi longtemps que possible dans ce camp de concentration à ciel ouvert qu’est Gaza, en exigeant que toute forme de résistance soit matée.

Comme dans le passé, on attend des Palestiniens qu’ils acceptent avec reconnaissance une « période de calme » où les bombes israéliennes ne pleuvront pas sur leurs maisons et où le blocus continuera d’étrangler Gaza. En fait, ce qu’on en est venu à exiger régulièrement des Palestiniens, c’est de se conduire comme « des Palestiniens employés de maison » et d’être reconnaissants à leurs maîtres blancs ashkénazes pour les miettes de pain qu’ils leur laissent pour tout juste survivre.

Ils doivent s’en remettre à une mort lente, mourir comme des cafards, sans manifester aucune forme de rébellion, et accepter que, s’ils meurent en résistant, ce sera alors de leur faute.

Mais trop c’est trop !

Les Palestiniens n’accepteront plus les diktats de la dite « communauté internationale » qui continue de privilégier Israël et de couvrir ses crimes de guerre. Toute parole sur l’amélioration des conditions d’oppression au vu des grands sacrifices fait par notre peuple est une trahison des victimes palestiniennes.

Tout accord de cessez-le-feu qui ne conduit pas à la levée immédiate du blocus sur la Bande de Gaza et à la réouverture du passage de Rafah, ainsi que de tous les autres passages, de telle sorte qu’il permette l’entrée du fuel, des médicaments et de tous les autres biens essentiels, et qui n’inclut pas des clauses pour mettre fin à ce qu’est l’occupation et l’apartheid israéliens, ne sera pas accepté.

Nous n’accepterons plus que Gaza soit coupé de la Palestine et du contexte historique derrière la souffrance de son peuple. Ce n’est pas un « conflit », comme aiment à le présenter les Israéliens, avec un groupe armé hostile. C’est une occupation, lancée par une puissance coloniale de peuplement qui cherche à accomplir le nettoyage ethnique d’une population autochtone toute entière afin de consolider et de légitimer sa colonie. Ce qui arrive à Gaza, c’est un génocide progressif, pas une « opération de sécurité ».

Les massacres barbares commis par l’Israël d’apartheid depuis 2006 ont coûté la vie à des milliers de Palestiniens, dont la majorité étaient des civils, dont beaucoup d’enfants. Des familles entières ont été anéanties au grand jour conjointement à la destruction systématique de centaines de maisons palestiniennes ; des médecins et des infirmier-es ont été tués dans l’exercice de leur fonction, ainsi que des journalistes. Et des dizaines de milliers ont été handicapés à vie dans ces guerres.

Nous, Palestiniens de Gaza, avons déjà fait notre choix. Nous ne mourrons pas d’une mort lente dans le déshonneur tout en remerciant nos tueurs sous l’auto-illusion qui représente l’esclavage au profit de l’occupant comme un fait accompli.

Non, nous continuerons de nous battre pour notre dignité, pour nous mêmes et pour nos enfants. Nous, membres de la société civile palestinienne, soutenons depuis longtemps que le moyen pour avancer devrait être la puissance du peuple, seule force capable de contrer l’énorme asymétrie de puissance dans la lutte contre Israël.

Nous avons réussi à briser les efforts visant à séparer le « conflit » avec Gaza de ses racines et à faire entendre nos exigences à travers le monde. Nous ne voulons pas d’un autre cessez-le-feu à court terme ou d’une légère « amélioration » de nos conditions de vie selon un « deal du siècle ».

Nous ne voulons pas de miettes de pain. Nous voulons retourner sur nos terres, nous voulons que nos droits soient reconnus selon le droit international.

Haidar Eid est professeur associé à l’Université Al-Aqsa de Gaza.

Traduction : J. Ch. pour BDS France Montpellier

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