Le contexte de la Grande Marche du Retour

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Palestinian protesters burn tires to protect themselves from shots of Israeli soldiers during clashes in a tent city protest at the Israel-Gaza border, demanding the right to return to their homeland, in Khan Younis in the southern Gaza strip

EntManifestants palestiniens brûlant des pneus et barrant le visage du président Donald Trump sur un panneau lors de clash dans un lieu de manifestation pour le droit au retour dans leur patrie, à la frontière entre Gaza et Israël, Khan Younis dans le sud de la bande de Gaza, 6 avril 2018. (Photo: Ashraf Amra/APA Images)rer une légende

Au cours des 10 dernières années, Israël a lancé trois guerres génocidaires de masse et d’agression contre la bande de Gaza occupée, nombre de nos civils ont été massacrés par ses bombardements indiscriminés, condamnés par des experts de l’ONU et par des organisations en pointe dans la défense des droits humains, comme crimes de guerre et possibles crimes contre l’humanité. Ces attaques ont causé la mort de 3 800 Palestiniens, des civils en majorité, dont des centaines d’enfants.  15 000 autres Palestiniens ont été blessés. Nous, les 2 millions de Palestiniens vivant dans Gaza assiégée, réfugiés pour la plupart, violemment chassés et dépossédés de nos maisons par les forces sionistes en 1948, avons été soumis à un état de terreur sans répit de la part d’Israël, pendant trois semaines (2009), deux semaines (2012), et 51 jours (2014), par lequel les avions de guerre israéliens ont systématiquement ciblé des zones habitées par des civils, réduit en miettes des quartiers entiers et des infrastructures civiles et détruit des tas d’écoles, dont plusieurs gérées par l’UNWRA, où des civils avaient trouvé refuge. Cela s’est produit après des années d’un siège continu, paralysant, mortel, médiéval d’Israël sur Gaza, une forme grave de punition collective décrite par Richard Falk, ancien rapporteur spécial sur les droits humains de l’ONU, comme un « prélude au génocide ».

Pour comprendre la mentalité qui est derrière les meurtres de dizaines de civils, dont des enfants, sur les frontières de Gaza, tout ce qu’il y a à faire est de lire les réponses des généraux et des hommes politiques israéliens. Le ministre de la défense, Avigdor Lieberman a dit qu’il n’y « avait pas de gens innocents » dans la bande de Gaza, après que des soldats israéliens aient tué par balles 32 Palestiniens pendant les 10 jours de manifestations non violentes, pacifiques, de réfugiés demandant l’application de la résolution 194 de l’ONU qui appelle au droit au retour, à leur rapatriement et à la fin de 11 années de siège mortel. Lieberman a prétendu que « tout le monde est lié au Hamas, tout le monde est salarié du Hamas ». Sa déclaration a été faite un jour avant que son armée dise dans un tweet que « rien n’a été fait hors de contrôle ; tout était pertinent et mesuré, et nous savons où chaque balle a atterri ».

On ne peut que relire une déclaration de 2008 de l’ex vice-ministre de la défense d’Israël, Matan Vilnai qui a dit à la radio de l’armée que « (les Palestiniens  Gaza) vont s‘infliger une shoah qui sera pire, parce que nous userons de toutes nos forces pour nous défendre ».

C’est une mentalité dirigée par une idéologie pleine de préjugés qui ne voit pas l’humanité de « l’Autre », seul compte son droit à l’autodétermination et à la liberté ! Ce sont des « bêtes à deux pattes » (Menahem Begin) et des « sauterelles »  qu’il faut écrabouiller après tout (Yitsrak Shamir).

Et comme si après 11ans de blocus, interrompu par trois guerres génocidaires, cela ne suffisait pas ! L’attaque sur Gaza n’est pas encore terminée : les Palestiniens de Gaza vivent toujours avec leurs blessures physiques, mentales et émotionnelles. Leurs corps ne peuvent pas être soulagés parce que le soin nécessaire n’est pas permis dans la bande de Gaza. Leurs maisons ne peuvent pas être reconstruites et le mélange de fer et de béton ne peut pas être déblayé parce que les camions et les bulldozers qui peuvent s’en charger ne sont pas autorisés dans la bande de Gaza. Jamais auparavant n’ont été refusés à une population les éléments de base de la survie par une politique délibérée de colonisation, d’occupation et d’apartheid, mais c’est ce que nous fait Israël, à nous les gens de Gaza aujourd’hui : 2 millions de gens vivent sans un approvisionnement suffisant en eau, en aliments, en électricité, en médicaments, alors que près de la moitié sont des enfants de moins de 15 ans.

C’est un « génocide progressif » d’une sorte sans équivalent dans l’histoire de l’humanité.

Pas étonnant, alors que des militants anti apartheid de premier plan, comme Ronnie Kasrils, ancien ministre sud africain du renseignement et membre de l’ANC, ou feu Ahmed Kathrada, un dirigeant de l’ANC et prisonnier  à Robben Island avec Nelson Mandela et le prix Nobel de la Paix l’archevêque Desmond Tutu, croient que ce que fait Israël aux Palestiniens est bien pire que ce qui fut fait aux Sud-Africains noirs sous l’apartheid. Même l’ancien président américain Jimmy Carter, lorsqu’il a visité Gaza, a clairement déclaré que le peuple palestinien est piégé à Gaza et traité « comme des animaux ».

NOUS EN AVONS ASSEZ !

Nous en sommes arrivés à la conclusion que notre combat à la base à travers une série de marches culminant le 15 mai, le jour du 70ème anniversaire de la Nakba, peut être un sérieux défi au système d’occupation, de colonisation et d’apartheid d’Israël s’il est accompagné par une campagne mondiale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions. Nous avons besoin que des citoyens ordinaires du monde montrent à Israël que nous avons une humanité commune ; que ces citoyens observent ce que fait Israël et qu’ils ne vont pas le tolérer parce que le silence est complicité ; qu’il n’y a pas de place dans le monde pour son type de va-t-en-guerre et de barbarisme et que les peuples du monde le rejettent. C’est exactement ce que le mouvement anti apartheid mondial a réussi à faire dans les années 1970 et 1980 du siècle dernier jusqu’à ce que le système inhumain d’apartheid s’effondre. Il est temps de se dresser face au dernier régime d’apartheid du monde ; pour cela, il nous faut être unis.

Haidar Eid

Traduction SF pour l’Agence Media Palestine

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