Trois enfants tués dans l’escalade d’attaques israéliennes sur Gaza

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Des parents d’un Palestinien abattu, en deuil devant l’hôpital al-Shifa de la ville de Gaza le 13 Novembre.  Mahmoud Ajjour APA images

Tamara Nassar – Electronic Intifada – 13 novembre 2019

Le nombre de Palestiniens tués dans la bande de Gaza s’est élevé à au moins 25, mercredi, tandis qu’Israël augmentait ses attaques mortelles, commencées mardi matin, sur le territoire.

Trois enfants sont parmi ceux qui ont été abattus.

Le ministre de la santé de Gaza a dit que plus de 85 Palestiniens avaient été blessés, dont 30 enfants.

Israël a procédé, tôt le matin mardi, à une exécution extra-judiciaire du dirigeant du Jihad Islamique, Abu al-Ata, ainsi que de sa femme, provoquant un échange de frappes de missiles israéliens sur Gaza et d’un tir de roquettes depuis le territoire.

Israël vise des zones où se trouvent des civils, des voitures, des maisons, des magasins, des sites de sécurité et des champs, a déclaré mercredi le groupe de défense des droits humains Al Mezan.

Quelque 15 écoles de la bande de Gaza ont été endommagées du fait de cette escalade, selon le ministre de l’éducation du territoire.

Aucune blessure grave n’a été rapportée côté israélien au moment où ce texte est écrit, en lien avec les tirs de roquettes de la part de groupes de la résistance palestinienne en réponse aux attaques israéliennes.

Cette confrontation militaire a été la plus sérieuse entre Israël et les factions de la résistance palestinienne de la bande de Gaza, depuis des mois.

Des responsables des services de renseignement égyptiens tentent de négocier un cessez-le-feu, mais le quotidien de Tel Aviv Haaretz  a dit improbable qu’un accord prenne effet à court terme.

Le secrétaire général du Jihad Islamique, Ziad al-Nakhala a dit à la chaîne de télé libanaise al-Mayadeen que les exigences du groupe pour un cessez-le-feu avec Israël incluaient la fin d’assassinats extrajudiciaires et du meurtre de manifestants palestiniens à la barrière frontalière Israël-Gaza, ainsi que la levée du siège de douze années sur la bande de Gaza.

Al-Nakhala a dit qu’il attendait une réponse mercredi soir.

Des enfants tués

Une frappe de missile israélienne a tué un père et ses deux fils à bord d’une moto près de leur maison, mercredi matin.

Rafat Muhammad Ayyad, âgé de 54 ans et ses fils Islam Ayyad, âgé de 24 ans et Amir Rafat Ayyad, âgé de 7 ans, se trouvaient dans le quartier de al-Zaytoun de la ville de Gaza et ils essayaient de se rendre à l’hôpital voisin al-Shifa, lorsqu’un missile israélien a frappé, les tuant tous les trois.

Des avions de chasse israéliens ont attaqué mercredi une autre moto dans le quartier de al-Shujaiyeh de la ville de Gaza, tuant un de ses passagers, Mumin Muhammad Qaddoum, âgé de 26 ans, et en blessant gravement un autre.

Le Jighad Islamique a déclaré que Qaddoum était un de ses membres.

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Des gens en deuil prient, lors de leurs funérailles, devant les corps d’un père et de ses deux enfants, de la famille Ayyad, tués par une frappe aérienne israélienne le 13 novembre.Mahmoud AjjourAPA images

Les frappes israéliennes ont touché un atelier de menuiserie dans le quartier de  al-Tuffah, à l’est de la ville de Gaza, appartenant à la famille al-Aal, tuant cinq personnes dans l’atelier.

Trois membres de la famillle al-Aal sont morts dans l’attaque, dont deux enfants, Ibrahim Ayman Abd al-Aal, âgé de 17 ans, Ismail Ayman Abd al-Aal, âgé de16 ans, et leur frère aîné, Ahmad Ayman Abd al-Aal, âgé de 23 ans.

Une frappe aérienne israélienne a tué Khalid Muawad Faraj, âgé de 38 ans, dans le village de al-Maghraqa au sud-est de la ville de Gaza.

Le Jihad Islamique a déclaré que Faraj était un de ses commandants.

Punition collective

Israël a cependant continué à isoler le territoire assiégé, et ne permet que l’entrée de carburant au checkpoint de Keren Shalom, le seul endroit où Israël permet l’entrée et la sortie de marchandises de Gaza.

Seuls des malades, des citoyens palestiniens d’Israël et des personnes titulaires de passeports étrangers sont autorisés à sortir par Erez, le checkpoint militaire qui sépare Gaza d’Israël, selon le groupe de défense des droits humains Gisha.

Israël a complètement bloqué l’accès maritime au nord du port de pèche de Gaza tout en n’autorisant aux pécheurs qu’une distance de six milles nautiques, ailleurs le long de la côte du territoire.

Les hôpitaux de Gaza ont reçu des dizaines de blessés depuis le début des attaques israéliennes, bien que leur stock de médicaments vitaux soit gravement dégarni.

« Pour plus de 46% de remèdes essentiels et 28% de produits médicaux les stocks sont à zéro, ce qui veut dire qu’il y a moins d’un mois de fournitures sur les étagères » a déclaré l’association Aide Médicale aux Palestiniens, mercredi.

Fikr Shalltoot, le directeur de ce groupe à Gaza, a dit que la situation est « très semblable à celle des attaques de 2014 sur Gaza », ajoutant que « on entend des explosions partout dans Gaza ».

Le Hamas cherche le calme

Des factions de la résistance ont établi une salle opérationnelle commune, pour coordonner les réponses militaires aux attaques israéliennes.

Les groupes ont promis, mercredi, « de donner à l’ennemi une leçon qu’il n’oubliera pas », pour le meurtre de Abu-al-Ata.

Mais les factions palestiniennes ne semblent pas chercher à aller plus loin dans une confrontation qu’elles n’ont pas déclenchée.

Elles ont déclaré que le public israélien avait besoin de reconnaître la « stupidité de son commandement politique et militaire, qui porte la responsabilité »  de l’interruption de la vie de civils israéliens.

Le porte-parole du Jihad, Abu Hamza, a accusé le premier ministre Benjamin Netanyahou et son ministre de la défense récemment nommé, Naftali Bennett, de cacher au public israélien l’étendue des dommages que les roquettes du groupe ont causés en Israël.

« L’ennemi exerce une grave censure de la réalité afin que les colons ne manifestent pas contre Netanyahou et son ministre de guerre, et de manière que leur soi-disant victoire et fausses déceptions ne se transforment pas en une défaite écrasante qui le conduirait en prison plutôt qu’à former un nouveau gouvernement » a déclaré Abu Hamza.

L’organisation de la résistance palestinienne, Hamas, est dit avoir simplement conseillé le Jihad Islamique dans sa riposte à l’assassinat de Abu al-Ata mais ne pas y avoir pris part.

« Le Hamas ne veut pas une guerre totale ni que la bataille dure plus de quelques jours » a dit à Haaretz un porte-parole anonyme.

« Si une proposition concrète incluant la levée du blocus et une amélioration significative  pour les civils est faite, nous pouvons demander que le Jihad Islamique réduise ses tirs ».

Le porte-parole a averti d’une escalade si Israël continue à attaquer des civils et des infrastructures.

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Des Palestiniens inspectent un élevage de volailles détruit par une frappe aérienne israélienne à Khan Younis dans le sud de la bande de Gaza le 13 Novembre. Ramadan El-AghaAPA images

Nickolay Mladenov l’émissaire des Nations Unies, a exprimé mercredi sa préoccupation face à ce qu’il a appelé « une grave escalade entre le Jihad Islamique palestinien et Israël.

Mladenov a condamné « le lancement sans discernement de roquettes et de tirs de mortier contre des centres peuplés » à propos des factions de la résistance palestinienne, mais a manqué de mentionner le ciblage de zones peuplées de civils par Israël.

Le ministre jordanien des affaires étrangères, Ayman Safadi, a dit que « la poursuite de l’occupation est la cause de toute la tension et de la violence », ajoutant que « Israël ne peut pas obtenir la sécurité en attaquant Gaza ».

Les propos de Safadi sonnent creux alors qu’il a été évident que des avions de chasse jordaniens ont pris part à des exercices militaires accueillis par l’aviation israélienne au même moment où Israël bombardait la bande de Gaza.

Les représentants jordaniens n’ont pas répondu à une demande de commentaires sur ces rapports.

Silence des progressistes

Pete Buttigieg, le maire de South Bend dans l’Indiana et candidat à la présidence des États Unis, a tweeté une condamnation unilatérale des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza mais n’a rien dit sur les frappes israéliennes sur Gaza.

L’ancien vice-président Joe Biden, qui est lui aussi candidat à la présidence, a fait des remarques du même genre, sans mentionner ni condamner le meurtre de Palestiniens par Israël.

Le principal sénateur progressiste, Bernie Sanders, qui avait dit auparavant qu’il retirerait l’aide militaire à Israël s’il était élu président, n’avait, mercredi soir, pas fait de commentaire sur l’attaque israélienne sur Gaza.

Au Royaume Uni, le dirigeant du parti Labour, Jeremy Corbyn, qui mène une campagne pour les élections législatives, n’a pas non plus fait de commentaire.

Corbyn avait précédemment montré un soutien véhément des droits des Palestiniens, mais depuis qu’il a pris la direction de son parti en 2015, il a été mis sur la défensive par une campagne de dénigrement du lobby pro Israël l’accusant à tort d’antisémitisme.

Traduction SF pour l’Agence Media Palestine et pour BDS France Montpellier

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