Il est temps de prendre des sanctions contre Israël

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Pourquoi la communauté internationale ne punit-elle pas l’État d’apartheid d’Israël, comme elle l’a fait contre l’Afrique du Sud ?

Haidar – Middle East Eye – 4 juin 2018

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Une personne brandit une pancarte qui demande, « Boycottez Israël, État raciste », lors d’un rassemblement au Trocadéro à Paris, le 6 mai 2018. (AFP)

Depuis le début de la Grande Marche du Retour, le 30 mars dernier, environ 120 Palestiniens ont été tués et plus de 13 000 ont été blessés, et parmi eux, de nombreux enfants. Environ un tiers de ces blessés ont été touchés par les tirs à balles réelles des tireurs d’élite israéliens.

Une récente victime de cette brutalité israélienne est une jeune Palestinienne de 21 ans, Razan al-Najjar, une auxiliaire médicale assassinée par un tireur embusqué israélien dissimulé dans un fossé de l’autre côté de la clôture. Razab a été abattue alors qu’elle essayait de sauver la vie d’un manifestant.

Tous les Palestiniens à Gaza savent que les soldats israéliens avaient l’intention de la tuer, étant donné ce tweet du 30 mars du porte-parole de l’armée israélienne, dans lequel il déclare très clairement que « tout était précis et mesuré et qu’(ils) savaient où chaque balle a atterri ».

Pour mieux comprendre la gravité, et l’horreur, de cela, rappelons que durant les 51 jours de la guerre d’Israël de 2014 à Gaza, environ 12 000 personnes ont été blessées.

L’État d’apartheid d’Israël semble décidé à résoudre son « problème » de population excédentaire des Palestiniens natifs de Gaza en mutilant la plupart d’entre eux, avec ses forces qui tirent des balles meurtrières qu’il est interdit d’utiliser contre des manifestants pacifiques en vertu du droit international.

Un blocus médiéval

L’excuse d’Israël – comme s’il en avait jamais eu besoin – est que les Palestiniens à Gaza tentent d’ « infiltrer la frontière », mais cette idée dénature la réalité.

Les Palestiniens à Gaza ne sont pas des infiltrés ; ce sont des gens qui vivent sous une occupation et un blocus médiéval, sans précédent. Gaza a été transformée en ce que le haut-commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, Zeid Raad al-Hussein, a appelé un « bidonville toxique ».

Le slogan de la Grande Marche du Retour est « Je veux rentrer chez moi ». Soixante-dix pour cent des Palestiniens de Gaza sont des réfugiés de villes et villages d’Israël.

Toutes les tentatives visant à prouver que le Hamas est derrière les dernières manifestations sont entachées de racisme. Car il s’agit d’une initiative de la société civile – et, oui, les Palestiniens à Gaza ont une société civile, dynamique.

Entre la campagne qui monte pour le boycott, le désinvestissement et des sanctions (BDS) et la Grande Marche du Retour, nous voulons voir le jour où les violations israéliennes des droits de l’homme ne se produiront plus en toute impunité. Les discours creux sur l’amélioration des conditions de notre oppression ne signifient absolument rien, parce que nous continuerons notre marche aussi longtemps que la Résolution 194 des Nations-Unies ne sera pas appliquée, et aussi longtemps que nos corps seront enfermés dans cette minuscule prison appelée Gaza.

Une vision raciste du monde

Notre récit est enraciné dans les principes universels des droits de l’homme, de l’égalité, de la justice et du droit international. Nous comprenons, tout comme le peuple noir de l’Afrique du sud sous l’apartheid et la communauté afro-américaine aux États-Unis, que les doctrinaires racistes ont un problème avec cette logique, car elle ne répond pas à leur vision raciste du monde.

Le cauchemar d’Israël, c’est quand il doit faire face aux défenseurs palestiniens qui s’expriment avec force et crédibilité sur la Palestine et démystifient les fausses idées qui tentent de détourner la communauté internationale des violations flagrantes des droits de l’homme par Israël.

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Najjar se concentrait sur l’aide aux femmes et aux enfants blessés lors des manifestations. (Screengrab)

Les massacres à Gaza sont devenus des actes normalisés de politique, et non des aberrations individuelles. Pour ajouter l’injure à la blessure, l’État d’apartheid d’Israël a annoncé qu’il ne coopérera pas à une enquête du Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies sur les morts de Gaza. C’est un état d’esprit qui nie l’humanité des Palestiniens à Gaza.

Gilad Erdan, le ministre des Affaires stratégiques d’Israël, a traité les Palestiniens innocents à Gaza de « nazis » – exactement comme les officiers blancs racistes du régime d’apartheid d’Afrique du Sud accusaient les Africains noirs de racisme. Et le 29 mai, le ministre de l’Énergie, Yuval Steinitz, menaçait de détruire Gaza, affirmant : « Je n’exclue pas la possibilité de conquérir Gaza et de la détruire une fois pour toute ».

Le gouvernement israélien, ses ambassadeurs et ses apologistes, prétendent que massacrer les Palestiniens est un moyen de défendre la souveraineté israélienne contre les « terroristes ». Toute puissance coloniale occupante se réfère à ceux qui s’opposent à son occupation comme à des terroristes. Nelson Mandela était l’un de ces « terroristes » que le régime d’apartheid – et même l’ancien président des USA Ronald Reagan et l’ancienne Premier ministre britannique, Margaret Thatcher – n’aimaient pas du tout.

BDS : une fenêtre d’espoir

Apparemment, les soldats israéliens ne nous pardonneront jamais de les avoir forcés à nous tuer – d’où la nécessité du BDS, notre unique fenêtre d’espoir.

Il est temps pour le monde de se lever et d’agir – d’imposer des sanctions sur les industries israéliennes jusqu’à ce que les Palestiniens aient accès à la liberté, à des droits civils égaux, et à la justice.

Dans les années 1980, le monde en a eu assez du régime d’apartheid d’Afrique du Sud et il a décidé de prendre des sanctions contre lui ; ces sanctions ont aidé à la libération des Africains autochtones de l’apartheid. Il est temps pour le monde de se rallier, de la même manière, à des sanctions contre Israël, jusqu’à ce que celui-ci se conforme au droit international.

Le monde doit à Gaza la mère de toutes les excuses, mais tout ce que nous demandons, c’est un embargo militaire sur Israël, comme celui qui fut imposé sur l’Afrique du Sud de l’apartheid, jusqu’à ce que cette folie raciste prenne fin.

haidar+

Haidar Eid, 20 mars 2018 en direct de Gaza avec la Campagne BDS France Montpellier

Le Dr Haidar Eid est maître de conférence au département de littérature anglaise à l’Université Al-Aqsa, dans la bande de Gaza.

 

 

http://www.middleeasteye.net/columns/world-owes-gaza-massive-apology-481764007

Traduction : JPP pour BDS France Montpellier

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