“La résistance est féminine”: des femmes de Gaza manifestent pour leur droit au retour

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Des centaines de femmes se sont rassemblées à proximité de la barrière orientale de Gaza pour demander la fin du blocus et le droit au retour

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Des Palestiniennes défilent à Gaza (MEE/Mohammed Asad)

Maha Hussaini

 

GAZA – Des centaines de femmes et jeunes filles palestiniennes se sont rassemblées mardi [3 juillet] près de la barrière orientale qui sépare d’Israël l’enclave côtière pour une manifestation des « Palestiniennes pour le Retour et pour briser le siège », selon les termes employés par l’instance organisatrice.

Lors d’une conférence de presse tenue à Gaza lundi [2 juillet], le Haut Comité national pour la Grande Marche du Retour et pour briser le siège a demandé aux femmes palestiniennes de «  participer massivement à la manifestation » et d’exiger leur droit au retour.

« Cet événement contribue à soutenir les Palestiniennes qui tiennent bon malgré le siège. Le message en est clair : personne ne peut nous priver de nos droits, en particulier le droit au retour et l’exigence de mettre fin au siège », a déclaré Iktimal Hamad, présidente de la commission Femmes du Comité.

Les mères, épouses, filles ou sœurs de personnes tuées ou blessées lors des manifestations de la Grande Marche du Retour, ainsi que des femmes journalistes ou étudiantes à l’université, brandissaient des drapeaux palestiniens ou des panneaux demandant le droit au retour et affirmaient leur volonté de poursuivre les manifestations.

« Qui a dit que les femmes ne pouvaient pas se battre aussi efficacement que les hommes ? » s’est exclamée Suheir Khader, 39 ans, dont les proches et les amies sont venues manifester avec elle.

« En grandissant, nous avons appris que la résistance était féminine. Nos grands-mères étaient aux côtés de nos grands-pères et ont lutté comme eux pendant la Nakba (la Catastrophe) et la première intifada.

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Des femmes et des enfants palestiniens manifestent à Gaza (MEE/Mohammed Asad)

« Je suis ici aujourd’hui parce que nous [les femmes] ne pouvons nous contenter de rester là en regardant nos pères et nos maris se faire tuer ou blesser. Notre devoir, au minimum, c’est de partager ce combat avec eux », a ajouté Suheir Khader.

Des femmes blessées au cours des manifestations de la Grande Marche du Retour ont participé au rassemblement de mardi, demandant que soit reconnu leur droit à recevoir des soins médicaux et exigeant le droit au retour.

Amani al-Najjar, 25 ans, a affirmé que rien ne l’empêcherait d’assister aux manifestations, « pas même [sa] blessure ».

« J’ai reçu une grenade lacrymogène dans la poitrine au cours de la troisième semaine de manifestations », a-t-elle expliqué. « Trois jours plus tard, j’allais mieux et je suis revenue ici pour recommencer à manifester. »

Amani al-Najjar, dont le frère a été tué par un sniper israélien l’an dernier, lorsqu’il participait à des manifestations près de la barrière orientale, a ajouté : « Je suis ici pour to continuer ce que mon frère a commencé. S’ils [les soldats israéliens] l’ont tué pour nous intimider et nous forcer à arrêter, ils se trompent. Ils nous ont donné une raison supplémentaire de continuer. »

Les manifestations de la Grande Marche du Retour ont démarré le 30 mars et se poursuivent depuis plus de trois mois, pour exiger le droit au retour des Palestiniens et la fin du blocus imposé par Israël à la bande de Gaza.

Selon Ashraf al-Qidra, porte-parole du ministère palestinien de la Santé à Gaza, le nombre de Palestiniens tués depuis le début des manifestations s’élève à 134, dont 16 enfants et une femme, le nombre de blessés étant de 15 200, dont 2 536 enfants et 1 160 femmes.

Um Khaled Loulo, 71 ans, a indiqué qu’elle participait aux manifestations au moins une fois par semaine avec ses fils et ses petits-enfants. « J’amène toujours mes petits-enfants pour leur apprendre dans la pratique en quoi consiste le droit au retour », a-t-elle expliqué à MEE.

« Je ne les laisse pas s’approcher de la clôture parce que je sais que les soldats israéliens sont déterminés à leur tirer dessus, mais au moins, ils ont l’occasion de comprendre que le retour à leur patrie d’origine est un objectif pour lequel lutter quand ils seront grands. »

Selon Um Khaled Loulo, amener ses petits-enfants aux manifestations, c’est une façon de leur enseigner les valeurs fondamentales de la vie et de les éduquer à défendre leurs droits.

« Je les amène ici toutes les semaines et nous entonnons des chants nationaux. Voilà comment on élève un enfant sous l’occupation. »

Dans sa jeunesse, raconte-t-elle, elle participait à des manifestations et jetait des pierres aux soldats israéliens.

« La femme est l’égale de l’homme, à la maison comme au front. S’il se bat pour une cause, elle le fait aussi », affirme-t-elle.

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Une manifestante palestinienne blessée est évacuée sur un brancard (MEE/Mohammed Asad)

Israa Areer, journaliste de 26 ans, estime que la participation des femmes à la lutte des Palestiniens n’a « rien de nouveau ».

« Il y a plus de 60 ans, ma grand-mère a décoché des coups de pied devant chez elle aux soldats israéliens qui essayaient d’appréhender son mari et ses enfants. C’est aussi une forme de résistance. »

Même si les autorités israéliennes se sont retirées de la bande de Gaza en 2005, précise Israa Areer, elles continuent à exercer « une influence et un contrôle directs sur la vie des Palestiniennes ».

« Certes, Gaza n’est pas occupée, mais les autorités israéliennes pratiquent encore toutes les formes d’oppression contre les femmes en imposant un blocus strict qui les prive de leurs droits élémentaires », ajoute-t-elle.

«  Non seulement les Palestiniennes élèvent et éduquent des combattants de la liberté mais, depuis plusieurs décennies, elles se battent à leurs côtés et les protègent contre l’occupation », conclut-elle.

 

Traduction SM pour Campagne BDS FRANCE Montpellier

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