Un raid israélien dans Jénine tue neuf Palestiniens dans un ‘massacre’

Print Friendly, PDF & Email

Un secouriste est photographié devant un bâtiment endommagé et brûlé par les troupes israéliennes au cours du raid du 26 janvier 2023 sur le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée (AFP).

Des soldats israéliens lourdement armés prennent d’assaut le camp de réfugiés, laissant au moins 16 blessés.

 

 

Leila Warah, Akram al-Waara

le 26 janvier 2023

Au moins neuf Palestiniens, dont une vieille femme, ont été tués jeudi au cours d’un raid israélien sur le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée.

Le ministère palestinien de la Santé a dit que les forces israéliennes avaient abattu neuf personnes, tandis que 20 autres ont été blessées. Au moins quatre de ces dernières étaient dans un état critique, a-t-il ajouté.

Plus tard dans la soirée, le ministère a dit qu’un autre Palestinien, Youssef Yehya Abdel-Karim, a été tué dans la ville d’al-Ram, près de Jérusalem, dans les affrontements qui ont éclaté après que les forces israéliennes ont réprimé une marche contre les meurtres à Jénine.

Des soldats lourdement armés sont entré jeudi dans le camp, paraît-il dans un camion de marchandises, et ont ouvert le feu sur les résidents qui essayaient de les empêcher d’entrer.

Plusieurs autres véhicules de l’armée, dont des bulldozers, sont alors entrés dans la zone et ont ciblé un bâtiment qui sert de lieu de réunion pour les résidents.

Anas Huwaisheh, correspondant palestinien à Jénine d’une chaîne locale, a dit à Middle East Eye que ces scènes lui rappelaient 2002, lorsque le camp de Jénine a été envahi pendant la Seconde Intifada.

« Le bruit des balles et des tirs était intense et des nuages de fumée ont voilé le ciel. L’occupation israélienne a coupé l’électricité, le réseau internet et des téléphones portables pendant l’assaut, ce qui prouve que c’était planifié », a dit Huwaisheh.

Des Palestiniens lancent des cailloux contre un bulldozer militaire le 26 janvier pendant un raid israélien sur la ville de Jénine en Cisjordanie occupée.

 

Les Palestiniens ont sonné l’alarme dans le camp à 7 H.05, heure locale, quand ils ont démasqué une unité israélienne camouflée dans un véhicule civil qui s’approchait de l’entrée du camp », a dit Huwaisheh. « Des dizaines de véhicules de l’armée assiégeaient les pourtours de la zone. »

Il a ajouté que les forces israéliennes avaient déclaré qu’elles ciblaient des combattants qui s’étaient barricadés dans une maison du camp.

« Mais ça, c’est ce qu’ils disent. Nous sommes tous des civils et ce qui s’est passé aujourd’hui, c’était pour défendre le camp. »

Avant de se retirer, a raconté Huwaisheh, les forces israéliennes ont démoli une maison qui appartenait à un cadre du Fatah membre des Brigades des Martyrs d’al-Aqsa, Alaa al-Sabbagh, qui avait été tué en 2002 à Jénine par un missile tiré d’un hélicoptère.

Un massacre contre notre peuple’

Le bureau du président palestinien Mahmoud Abbas a dit que ces meurtres étaient « un massacre organisé par le gouvernement d’occupation israélien, à l’ombre du silence international ».

« C’est ce qui encourage le gouvernement d’occupation à commettre des massacres contre notre peuple au vu et au su du monde entier », a dit Nabil Abu Rudeineh, porte-parole d’Abbas.

Le président a déclaré trois jours de deuil national et a ordonné la mise en berne des drapeaux.

Une grève générale a également été déclarée jeudi dans toute la Cisjordanie et Jérusalem occupés. Le Fatah, qui contrôle l’Autorité Palestinienne, a appelé les Palestiniens à affronter les forces israéliennes aux checkpoints, a rapporté l’agence de presse Wafa.

La vieille femme abattue d’une balle dans le cou pendant le raid a été identifiée comme étant Magda Obaid, âgée de 60 ans.

Parmi les morts, il y avait aussi Saeb Issam Mahmoud Izreiqi, 24 ans, et Izzidine Yassine Salahat, 26 ans.

Le ministre palestinien de la Santé, Mai al-Kaileh, a dit que le personnel médical du Croissant Rouge n’avait pas pu évacuer les blessés parce que les soldats israéliens restreignaient l’accès au camp de réfugiés.

Il a ajouté que les forces israéliennes « avaient fait irruption dans l’Hôpital du Gouvernement de Jénine et avaient sciemment tiré des bombes lacrymogènes dans le département pédiatrique de l’hôpital ».

L’ambulancier Mourad Khamayseh, 34 ans, à dit à MEE : « C’était presque impossible d’entrer dans le camp. Les forces israéliennes tiraient des coups de semonce et faisait signe à l’équipe de ne pas s’approcher de la zone. »

Il a dit que les équipes d’urgence ont finalement pu entrer après coordination entre la Croix Rouge et les autorités israéliennes. Khamayseh a soigné une personne sur place et une autre en chemin vers l’hôpital.

« Le raid d’aujourd’hui a été l’un des plus violents. Les forces israéliennes ont pénétré plus profondément à l’intérieur du camp qu’au cours des précédents raids », a-t-il dit.

« En tant qu’ambulanciers, nous nous y sommes habitués, mais honnêtement, je n’ai pas pu garder mon sang-froid après avoir vu ce que j’ai vu aujourd’hui : la nature des blessures que j’ai soignées et les morts. »

L’armée d’Israël a confirmé les rapports des soldats qui étaient entrés dans le camp, déclarant que c’était en réponse à des rapports du renseignement parlant de la planification d’une « attaque terroriste ».

Les membres d’une famille pleurent la mort de l’un des 9 Palestiniens tués au cours du raid israélien du 26 janvier 2023 sur le camp de réfugiés de Jénine (AFP).

 

Ces derniers assassinats portent le bilan des morts palestiniens à 30.

Les forces israéliennes mènent en Cisjordanie des opérations quasi nocturnes de recherche et arrestation, qui s’avèrent souvent mortelles.

La plupart des raids de ces derniers mois ont souvent visé Naplouse et Jénine, où Israël est en train de réprimer une résistance palestinienne armée croissante dans les villes occupées.

D’après les données compilées par Middle East Eye, les forces israéliennes ont tué en 2022 plus de Palestiniens en Cisjordanie occupée qu’au cours de n’importe quelle année civile depuis la Seconde Intifada.

Au moins 220 personnes sont mortes en 2022 dans les attaques israéliennes à travers les territoires occupés, dont 48 enfants. Sur le nombre total de morts, 167 étaient de Cisjordanie et Jérusalem Est, et 53 étaient de la Bande de Gaza.

Traduction : J. Ch. pour l’AURDIP et Campagne BDS France Montpellier

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *