L’American Bar Association retire la définition de l’IHRA de sa résolution sur l’antisémitisme

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L’American Bar Association (ABA) à Washington, D.C., le 1er juin 2014. Photo : Tony Webster

 

L’American Bar Association a voté une résolution condamnant l’antisémitisme, mais a retiré de son texte une référence à la définition controversée de l’IHRA.

Par Michael Arria pour Mondoweiss

le 14 février 2023

 

Cette semaine, l’American Bar Association (ABA) a voté une résolution condamnant l’antisémitisme après en avoir retiré une référence à la définition de travail controversée de l’Alliance Internationale du Souvenir de l’Holocauste (IHRA). Les critiques de cette définition ont depuis longtemps mis en garde contre la mise en place de cet outil qui sert à étouffer le militantisme et la parole des Palestiniens.

La version originale de la Résolution 514, qui a été approuvée par la Chambre des Délégués ABA lors de sa réunion semestrielle à La Nouvelle Orléans, appelait le gouvernement américain « à condamner l’antisémitisme en se fondant sur la définition de l’IHRA, mais l’organisme a fait face à une pression des associations de défense des droits de l’homme à propos de son inclusion.

Plus de 40 organisations (dont l’ACLU [Union américaine pour les libertés civiles], le Centre pour les Droits Constitutionnels, et Palestine Legal [Défense des personnes qui soutiennent les droits des Palestiniens]) ont envoyé une lettre aux signataires de la résolution détaillant leurs préoccupations au sujet de cette définition.

« Tout comme nous pensons que ABA devrait être impliquée dans le combat contre l’antisémitisme, nous pensons que ABA – conformément à son engagement envers l’État de droit, le processus juridique, qui tient les gouvernements pour responsables selon la loi, les droits de l’homme et la justice – a un rôle important à jouer dans la transmission des préoccupations au sujet d’Israël et de sa politique », est-il écrit. « Avec ceci à l’esprit, nous craignons que la référence à la définition de l’IHRA dans la résolution d’ABA puisse saper la propre capacité d’ABA à s’engager sur des questions essentielles concernant les droits des Palestiniens, y compris dans le soutien aux défenseurs des droits de l’homme qui sont de plus en plus agressés. »

Le Centre pour les Droits Constitutionnels et Palestine Legal ont également envoyé une lettre complémentaire fournissant de multiples exemples de la façon dont cette définition est utilisée pour censurer les défenseurs de la Palestine.

La définition de travail de l’IHRA a été élaborée en 2016. Elle définit l’antisémitisme comme « une certaine perception des Juifs, qui peut s’exprimer comme de la haine envers les Juifs. Des manifestations rhétoriques et physiques d’antisémitisme s’adressent à des individus juifs ou non-juifs et/ou leurs biens, envers des institutions et des établissements religieux de la communauté juive ». De nombreuses personnes ont critiqué la nature vague de cette définition et exprimé leur préoccupation au sujet des « exemples contemporains » d’antisémitisme qui sont attachés à la définition. Quelques uns de ces exemples considèrent certaines critiques d’Israël comme antisémites.

En 2020, un groupe de plus de 100 universitaires et intellectuels arabes a publié une lettre ouverte détaillant leurs inquiétudes au sujet de la définition et, l’année dernière, 128 chercheurs ont publié une déclaration demandant aux Nations Unies de se retenir de l’adopter. « Soyons clairs : nous saluons chaleureusement l’engagement de l’ONU à combattre l’antisémitisme et félicitons l’ONU pour ses efforts vitaux à cet égard », est-il écrit. « Ce à quoi nous nous opposons et contre quoi nous mettons fortement en garde, c’est que l’ONU compromettrait ce combat essentiel et ferait du tort à sa mission universelle de promotion des droits de l’homme en approuvant une définition politisée qui est instrumentalisée pour décourager la liberté d’expression et protéger le gouvernement israélien contre la prise en compte de ses actes. »

Même Kennerth Stern, principal rédacteur de cette définition, a remis en question l’idée qu’elle devrait être adoptée par les écoles et s’est exprimé contre son renforcement. « La définition était destinée à ceux qui récoltaient des données pour écrire des rapports sur l’antisémitisme en Europe », a-t-il écrit dans un éditorial du New York Times en 2016. « Il n’a jamais été censé restreindre l’expression sur les campus. »

Après la signature par l’ancien président Donald Trump d’un ordre exécutif qui adoptait la définition comme un code de discours haineux sur les campus, Stern a écrit : « Si vous pensez qu’il ne s’agit pas de réprimer le discours politique, envisagez un parallèle. Il n’existe pas de définition du racisme anti-Noirs qui ait force de loi au moment d’évaluer un cas de titre VI. Si vous deviez en rédiger une, y introduiriez vous une opposition à la discrimination positive ? Une opposition au retrait de statues des Confédérés ? »

Trente États américains ont adopté cette définition par voie législative ou exécutive et des législateurs sont actuellement en train de la pousser dans nombre des États restants. Au début de cette semaine, des organisations de solidarité avec la Palestine du New Jersey ont publié une pétition pour rejeter une mesure de ce genre de l’IHRA en attente dans la législature de l’État.

« Le combat contre l’antisémitisme résurgent de la droite doit faire partie de la lutte contre TOUTES les formes de racisme et d’oppression, pas via des résolutions, des projets de loi ou les politiques de toutes sortes qui utilisent l’antisémitisme comme un prétexte pour museler la demande de justice dans toute la Palestine historique », est-il écrit.

Traduction : J. Ch. pour BDS France Montpellier

J. Ch. pour l’AURDIP

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