Les grévistes de la faim palestiniens coupés de communication

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170501-hunger-strike-arrestLa Police des Frontières israélienne arrête un manifestant palestinien pendant une démonstration de soutien aux prisonniers grévistes de la faim le 29 avril à Jérusalem. (Faiz Abu Rmeleh / ActiveStills)

Charlotte Silver – Droits et Responsabilité – 2 mai 2017

Alors que les prisonniers palestiniens entrent dans le 16ème jour de leur massive grève de la faim, on dit que les autorités israéliennes font obstruction aux négociations et entravent sévèrement la communication des grévistes avec le monde extérieur.

Jusqu’à 1.600 Palestiniens refusent de se nourrir pour protester contre les mauvais traitements de la part des autorités carcérales israéliennes, y compris la négligence médicale et la réduction des visites des familles.

Israël a essayé d’empêcher que l’information sur les prisonniers en grève atteigne le public en transférant les meneurs de la protestation dans des cellules à l’isolement et en bloquant les visites des familles et des avocats.

On rapporte que, samedi, le Service des Prisons d’Israël a ordonné aux sociétés de téléphones portables de bloquer la réception dans la zone occidentale du désert du Naqab, au sud du pays, pour empêcher les Palestiniens en grève dans les prisons de Ketziot et de Nafha de pouvoir communiquer.

Le blackout a été partiellement levé après que les résidents israéliens de la zone se soient plaints des coupures de service.

Le blackout des cellulaires semble avoir été coordonné par le ministre de la sécurité publique Gilan Erdan, qui a engagé une ligne dure contre les grévistes de la faim. Erdan avait insisté pour qu’on légalise en 2015 l’alimentation forcée en traitant les grèves de la faim de « nouvelle sorte d’attentat suicide pour menacer l’État d’Israël ».

Dans un éditorial publié lundi par le New York Times, Erdan déclare qu’Israël ne « cédera pas au terrorisme » et que la grève de la faim n’a rien à voir avec le mauvais traitement des prisonniers palestiniens.

 

Attaques contre les manifestations de solidarité

Partout en Cisjordanie, y compris à Jérusalem Est, les forces israéliennes ont attaqué les rassemblements et manifestations de solidarité avec les prisonniers en grève de la faim.

Lundi, dans le village de Sebastia au nord de la Cisjordanie, les soldats ont tiré des bombes lacrymogènes qui ont mis le feu à la tente du rassemblement, deux jours après que des gaz lacrymogènes tirés par les forces israéliennes aient causé un incendie dans le village de Beita au sud de Naplouse.

Vendredi, l’armée israélienne a fait usage d’une force violente contre un « jour de colère » coordonné dans toute la Cisjordanie.

Des manifestants ont été blessés par les gaz lacrymogènes, des balles d’acier enrobées de caoutchouc et des tirs à balles réelles.

Alors que les avocats n’ont pas eu le droit d’approcher les grévistes de la faim dans la plupart des centres de détention, les avocats de l’association de défense des droits Addameer ont pu rendre visite aux prisonniers non grévistes, qui les ont mis au courant de l’évolution de la grève.

Les avocats d’Addameer ont appris qu’Israël a continué à imposer des mesures punitives aux grévistes, y compris des mises à l’isolement, l’interdiction de participer aux groupes de prière du vendredi et l’interdiction de laver leurs vêtements.

Le sel confisqué

Un prisonnier a dit à Addameer que les fonctionnaires de la prison ont repris aux grévistes de la faim le sel qu’ils consomment pour stabiliser et prévenir les dommages à long terme sur leur santé.

Un avocat du comité des affaires des prisonniers de l’Autorité Palestinienne a accusé les fonctionnaires israéliens de « torture psychologique » pour avoir mis de la nourriture devant les prisonniers en grève.

La semaine dernière, l’instance de l’Autorité Palestinienne et l’association palestinienne des droits de l’Homme Adalah ont déposé une pétition commune auprès de la Haute cour au sujet de l’interdiction par le Service des Prisons d’Israël des rencontres entre les grévistes de la faim et leurs avocats.

Ce tribunal doit entendre la pétition mercredi.

Les associations déclarent que les autorités carcérales israéliennes violent un règlement de la haute cour de 2004 qui déclare qu’il est illégal d’empêcher les rencontres entre les prisonniers – y compris ceux en grève de la faim – et leurs avocats.

On dit que la santé de plusieurs grévistes de la faim s’est détériorée, mais cette information est difficile à confirmer étant donné les restrictions de communication.

On rapporte cependant qu’Israël fait obstacle aux négociations en y mettant pour condition que Marwan Barghouti en soit exclus.

Barghouti, un des dirigeants du parti du Fatah, qui purge de multiples condamnations à vie depuis son arrestation en 2002, a lancé cette grève de la faim massive le 17 avril, qui est la Journée des Prisonniers Palestiniens, tandis que la campagne a fait naître un très large soutien parmi les Palestiniens dans les multiples factions politiques.

 Source : The Electronic Intifada

https://electronicintifada.net/blogs/charlotte-silver/palestinian-hunger-strikers-cut-communication?utm_source=EI+readers&utm_campaign=3ae435148b-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_

Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

 

 

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