Communiqué de presse : déclaration de la famille Erekat sur le meurtre extrajudiciaire de son fils, Ahmad Erekat

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ahmed

Jadaliyya Reports :

29 juin 2020 -Déclaration de la famille Erekat sur l’assassinat extrajudiciaire de son fils, Ahmad Erekat

Contact : Dalal Irqat

dalal.s.iriqat@gmail.com

“Nous savons, d’expérience douloureuse, que la liberté n’est jamais donnée volontairement par l’oppresseur, elle doit être exigée par l’opprimé”. – Martin Luther King.

Abu Dis, Palestine – La famille Erekat pleure la mort tragique de notre fils Ahmad Erekat, tué de sang froid par l’occupation israélienne le 23 juin 2020. Notre fils Ahmad est le onzième Palestinien à être tué rien que cette année et, il fait partie des centaines de personnes tuées au cours des deux dernières années, en raison de la politique israélienne extrajudiciaire de « tirer-pour-tuer ». En tant qu’individus, familles, organisations internationales et États, nous devons travailler ensemble pour mettre un terme aux meurtres répétés de sang-froid par Israël contre les Palestiniens.

Pour assurer la fin des crimes israéliens contre notre peuple et aider à prévenir un autre meurtre tragique, la famille Erekat tient à préciser ce qui suit :

Comme le montre la seule vidéo diffusée, l’armée israélienne a commis quatre délits distincts contre Ahmad Erekat, qui tombent sous le coup du droit international et du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale :  Premièrement, dans les instants précédant la mort d’Ahmad, l’armée israélienne a usé de la force mortelle et a tiré sur lui alors qu’il sortait de son véhicule et qu’il essayait de lever les mains, indiquant qu’il était désarmé et sans défense. Deuxièmement, après lui avoir tiré dessus, l’armée israélienne a laissé Ahmad se vider de son sang sur le sol pendant plus d’une heure, jusqu’à sa mort. Troisièmement, l’armée israélienne a empêché l’ambulance et le personnel médical du Croissant-Rouge palestinien de s’occuper d’Ahmad et a refusé que lui soient prodigués les soins médicaux nécessaires. Quatrièmement, comme pour un certain nombre d’autres martyrs palestiniens, l’armée israélienne a détenu le corps d’Ahmad et le retient maintenant en une forme cruelle de punition.

Il y a quelques semaines seulement, le 30 mai 2020, les forces israéliennes ont abattu Iyad Al-Hallak, un Palestinien autiste de trente-deux ans originaire de Jérusalem, alors qu’il se rendait à son école spécialisée. Iyad ne portait qu’un jouet dans ses mains et il s’est enfui de peur des soldats qui le poursuivaient et l’ont abattu.  En 2018, les Israéliens ont également tiré sur et tué Razan Al-Najjar, une infirmière qui portait un gilet de personnel médical clairement identifiable et ils ont ensuite trafiqué une vidéo pour suggérer qu’Al-Najjar représentait le Hamas et était, par conséquent, une cible militaire légitime.

Nous vous demandons non seulement de vous interroger sur les circonstances des meurtres d’Ahmad, d’Iyad et de Razan, pour ne citer que trois des centaines de personnes tuées, mais aussi de réfléchir à la normalisation de ces meurtres, où la question du quand plutôt que du si est devenue une autre tragédie palestinienne.

Les pratiques meurtrières d’Israël sont totalement dépourvues d’humanité, et nous devons donc remettre en question l’acceptation par la communauté internationale de la politique de “tirer pour tuer” menée par Israël sous couvert de sécurité.

Au cours de la soi-disant “Intifada des couteaux”, Israël a systématiquement utilisé la force meurtrière contre des assaillants présumés, au motif de se défendre. Rien qu’en 2016, Israël a tué 95 civils, dont 36 enfants, et a qualifié ces incidents de “présumés coups de couteau”, malgré les preuves démontrant l’absence de tout moyen de mener une attaque meurtrière. Lors de sa session de 2017, le Conseil des Droits de l’Homme a conclu qu’Israël avait souvent eu recours à la force meurtrière contre les Palestiniens “sur de simples soupçons ou par mesure de précaution”.  Enfin, les organisations de défense des droits humains ont noté que ces assassinats extrajudiciaires ne sont ouvertement approuvés que par les dirigeants israéliens, et “s’accompagnent d’un manquement des autorités israéliennes à enquêter sur les incidents, du refus d’autopsier les personnes décédées, de la non-libération de leurs corps, et d’autres politiques qui contribuent à un contexte d’impunité pour la violence d’État”.

Ces meurtres ont lieu dans un contexte plus large d’apartheid et d’expansion coloniale. Donc, plutôt que de s’interroger sur les détails de ce qui s’est passé dans les moments précédant la mort d’Ahmad, la question la plus importante à se poser est de savoir pourquoi il y a un checkpoint entre deux zones palestiniennes contrôlées par les Israéliens. Pourquoi la communauté internationale a-t-elle failli à sanctioner Israël, même après qu’il ait étendu ses colonies, revendiqué Jérusalem-Est et se prépare à annexer d’importantes étendues de territoire en Cisjordanie ?

En plus de la responsabilité d’Israël pour sa politique de “tirer pour tuer”, la famille Erekat exige ce qui suit :

  1. La libération du corps de notre fils Ahmad Erekat, afin que nous lui accordions un enterrement digne et approprié et que notre famille puisse faire ses adieux et son deuil en paix. Le corps d’Ahmad est l’un des 63 corps de martyrs actuellement détenus par l’État israélien.
  2. La diffusion de toutes les séquences audio et vidéo enregistrées disponibles sous différents angles du moment de l’accident de voiture et du meurtre d’Ahmad Erekat.
  3. Une enquête internationale sur le meurtre d’Ahmad Erekat par la Cour pénale internationale et le rapporteur des Nations unies pour les exécutions extrajudiciaires, afin de révéler la vérité sur les exécutions israéliennes sur le terrain et de rendre justice à Ahmad et aux autres martyrs palestiniens.
  4. La protection internationale immédiate du peuple palestinien.

Puissions-nous construire un monde où la justice prévaudra pour tous.

Traduction SF pour la Campagne BDS France Montpellier

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