La construction par Israël du camp de concentration de Gaza est terminée

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Israël a annoncé l’achèvement d’un mur souterrain et d’une barrière maritime tout autour de la bande de Gaza assiégée. Pas un seul média grand public n’a utilisé le terme « camp de concentration » dans son reportage alors qu’ils auraient dû le faire.

par Haidar Eid, le 10 décembre 2021 – Mondoweiss

Des agents de la sécurité israélienne  font signe d’ouvrir la barrière souterraine récemment achevée le long de la frontière d’Israël avec la bande de Gaza, à Erez, dans le sud d’Israël, le 7 décembre 2021. (Photo : Reuters/Ammar Awad)

Le dictionnaire Merriam-Webster définit un camp de concentration comme « un lieu où un grand nombre de personnes (telles que des prisonniers de guerre, des prisonniers politiques, des réfugiés, ou des membres d’une minorité ethnique ou religieuse) sont détenues ou confinées sous une surveillance armée – utilisé en particulier en référence aux camps créés par les nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale pour l’internement et la persécution des Juifs et d’autres prisonniers ». Et un camp de la mort, c’est « un camp de concentration dans lequel un grand nombre de prisonniers sont tués systématiquement ! ».

La bande de Gaza, occupée et assiégée par l’Israël de l’apartheid, a été transformée en ces deux types de camps ; la différence, c’est qu’elle est plus grande que tous les camps de concentration et camps de la morts connus, créés par des régimes occidentaux doctrinaires au XXᵉ siècle. La décision d’Israël de redéployer ses troupes en 2005 autour de la bande côtière densément peuplée, puis d’imposer en 2006 un siège médiéval sans précédent qui brisa tous les domaines de la vie, et enfin de lancer quatre agressions massives qui tuèrent plus de quatre mille civils, dont des femmes et des enfants, ne semble pas suffire aux élites sionistes au pouvoir dans cet État voyou.

Il y a deux jours, elles ont annoncé l’achèvement d’un mur souterrain qui est équipé de détecteurs autour de Gaza, qui comprend des centaines de caméras, radars et autres détecteurs, et qui s’étend sur 65 km. Il a été signalé que le mur fait plus de six mètres de hauteur et que sa barrière maritime comprend des dispositifs électroniques afin de détecter toute infiltration par la mer et un système d’armes télécommandées. Le ministère n’a pas révélé l’épaisseur du mur souterrain. Il a fallu trois ans et demi pour l’achever.

Pas un seul grand média n’a utilisé le terme « camp de concentration », ni même celui d’apartheid en référence au siège en cours de la bande de Gaza. Le langage utilisé par les Forces d’occupation israéliennes est devenu la référence – pas une seule question n’est posée. Pas une seule voix gazaouie/palestinienne n’est autorisée à dire un mot sur l’impact qu’a ce « projet » sur leur vie. Ce que nous sommes autorisés à lire, c’est la déclaration du Ministre de la défense israélien Benny Gantz, un criminel de guerre, à savoir que « La barrière, qui est un projet innovant et technologiquement avancé, prive le Hamas de l’une des capacités qu’il a essayé de développer », et qu’ « elle place un ‘mur de fer’, des détecteurs et du béton entre l’organisation terroriste et les résidents du sud d’Israël ». PERIOD ! Pas une seule question n’est posée !

Des soldats israéliens montent la garde lors du dévoilement d’une barrière souterraine récemment achevée le long de la frontière d’Israël avec la bande de Gaza, à Erez, dans le sud d’Israël, le 7 décembre 2021. (Photo : Reuters/Ammar Awad).

 

Les deux millions d’habitants de la bande de Gaza doivent être emprisonnés à l’intérieur de ce camp de concentration, car ce sont tous des « partisans du Hamas », et cela « nous » donne le droit d’utiliser un « mur habile » pour « les » encercler. Ce n’est pas une forme de « punition collective » uniquement parce « ils » ne sont pas nés de mères juives, et que, par conséquent, ils n’ont pas le « droit » d’être traités comme des êtres humains à part entière. Seuls, ceux qui ont la peau blanche et/ou qui sont nés de familles juives peuvent avoir ce droit.

L’Afrique du Sud de l’apartheid et le Sud-américain sous les lois Jim Crow doivent avoir été un pique-nique comparés à cela.

Les deux millions d’habitants de Gaza assiégée, dont l’écrasante majorité sont des réfugiés qui ont été violemment expulsés et dépossédés de leurs maisons par les forces sionistes en 1948, ont été soumis pendant quatre semaines (en 2009), deux semaines (en 2012), 51 jours (en 2014), et 11 jours (mai 2021) à une terreur implacable de la part de l’État israélien, dont les avions de guerre ont systématiquement pris pour cible les zones civiles, réduit en ruines des quartiers et des infrastructures civiles vitales, et détruit des vingtaines d’écoles, dont plusieurs gérées par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) où des civils avaient trouvé refuge. Tout cela après des années d’un siège israélien médiéval permanent, paralysant, meurtrier de Gaza, une forme rigoureuse de punition collective. Mais pourquoi ne sont-« ils » pas satisfaits de ce que, « nous », soutenus par un Occident complice et des régimes arabes « amis », leur offrons ? (Oubliée la Quatrième Convention de Genève de 1949, ratifiée par ce « nous », c’est-à-dire Israël, et qui interdit toute punition collective d’une population civile).

Le propriétaire d’une maison détruite par une frappe aérienne israélienne en mai 2021, debout dans sa maison à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, le 9 décembre 2021. Les propriétaires de maisons partiellement ou totalement détruites durant la guerre de mai sur Gaza sont de plus en plus préoccupés par le retard dans leur reconstruction. (Photo : Youssef Abu Watfa/APA Images.

Jamais auparavant une population n’a été privée des besoins fondamentaux pour sa survie dans le cadre d’une politique délibérée de colonisation, d’occupation et d’apartheid, mais c’est ce qu’Israël est en train de faire aujourd’hui au peuple de Gaza : deux millions de personnes vivent sans leur approvisionnement assuré en eau, nourriture, électricité, médicaments, et dont près de la moitié sont des enfants de moins de 15 ans.

Et nous devons maintenant faire face au fait que nous sommes bel et bien les détenus du plus grand camp de concentration sur terre, sans le moindre droit. Le Président Carter n’exagérait pas lorsqu’il est venu à Gaza, en 2009 : « (Les Palestiniens dans la bande de Gaza) sont traités plus comme des animaux que comme des êtres humains… Jamais auparavant dans l’histoire une communauté aussi importante que celle-ci n’a été attaquée aussi sauvagement par des bombes et des missiles, pour être ensuite privée des moyens de se reconstruire par elle-même ».

Hélas, Carter n’est plus le président des États-Unis, l’allié stratégique de l’Israël de l’apartheid. Tant que les organismes officiels et les dirigeants dans le monde feront le choix de ne rien dire et de ne faire absolument rien, Israël continuera de tuer toujours plus de Palestiniens, de construire des murs toujours plus hauts, de renforcer son siège, et il prétendra que tout cela est fait en « état de légitime défense ! ».

Et pourtant, c’est à nous, « antisémites » ingrats, que l’on reproche de qualifier ce pays de « camp de concentration ! ».

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Haidar Eid est professeur associé de littérature postcoloniale et postmoderne à l’université al-Aqsa de Gaza. Il a beaucoup écrit sur le conflit israélo-arabe, notamment des articles publiés sur Znet, Electronic Intifada, Palestine Chronicle, et Open Democracy. Il a publié des articles sur les études culturelles et la littérature dans un certain nombre de journaux, dont le Nebula, le Journal of American Studies en Turquie, Cultural Logic, et le Journal of Comparative Literature. 

 

https://mondoweiss.net/2021/12/the-construction-of-israels-gaza-concentration-camp-is-complete/

traduction : BP pour l’Agence Média Palestine et Campagne BDS France Montpellier

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